La Plume dans le cul

 

 

 

 

J'aimerais parler ici de ce qu'il y a de particulier dans la France actuelle : être obligé de pédaler pour faire entendre son point de vue.

 

Cela peut tre rŽsumŽ par cette formule en trois points :

Un esprit clair, dans un corps respectŽ, mais, avec une plume dans le cul !

 

Je vais commencer par le point le plus choquant, car il est parfois efficace de mettre un peu de vulgaritŽ dans le discours pour ramener les choses au plus prs de ce quĠon veut montrer.

La plume dans le cul, cĠest la nŽcessitŽ dĠtre reconnu par les mŽdias pour faire savoir quĠon existe.

La plume dans le cul, ce fut pour nous les 1200 km effectuŽs en vŽlo de lĠAveyron ˆ la Meuse pour marquer notre dŽsapprobation vis-ˆ-vis de la question du nuclŽaire. Il fallait trouver un moyen de montrer aux mŽdias que nous existons.

Les gens prŽsents sur le site dĠenfouissement de Bure aujourdĠhui doivent avoir ˆ lĠesprit que la plume dans le cul, cĠest nous, cĠest ce que nous reprŽsentons. Les mŽdias parlent de lĠaction qui se dŽroule ici, parce que nous sommes lˆ. Mais quĠen sera-t-il demain quand nous serons partis ?

Je continue par une illustration.

La plume dans le cul, pour Tchernobyl, cĠŽtait la centrale de Tchernobyl et son accident.

Des amis ˆ moi se sont rendus ˆ Tchernobyl pour faire des mesures de radioactivitŽ. Ils ont rencontrŽ les habitants qui sĠinquiŽtaient des doses radioactives quĠils ingŽraient ˆ travers leur environnement, leur nourritureÉ Mais aussi de quelque chose qui peut para”tre surprenant : la fermeture de la centrale.

Ils savaient que dans quelques jours la centrale allait sĠarrter, cela signifiait la disparition de lĠintŽrt des mŽdias; ils Žtaient certains (je crois que lĠon peut le confirmer aujourdĠhui) que le monde allait les oublier.

Il faut savoir que des scientifiques de lĠex-URSS dŽmontrent de manire trs prŽcise quĠil y a un nombre trs ŽlevŽ de pathologies causŽes par lĠaccident de la centrale autour de Tchernobyl. Bizarrement, les autoritŽs occidentales ne reconnaissent que quelques pathologies, impossibles ˆ nier ; toutes les autres sont oubliŽes.

Les mŽdias ne vont plus ˆ Tchernobyl, les autochtones nĠont plus la plume dans le cul, ils ne peuvent plus montrer quĠils existent et la manire dont ils survivent.

 

Je vais dŽvelopper maintenant la notion de corps respectŽ.

CĠest-ˆ-dire le corps dĠune personne ˆ laquelle on reconna”t le droit ˆ lĠintŽgritŽ physique.

Actuellement, si vous tes propriŽtaire dĠun terrain, cela signifie que vous possŽdez la surface de la parcelle, lĠaspect superficiel. Mais si lĠon dŽcouvre dans le sous-sol de votre propriŽtŽ quelque chose dĠintŽressant, on va vous exproprier et on pourra utiliser ce quĠil y a dessous.

CĠest sans doute ce qui va se produire dans les annŽes qui viennent concernant notre corps.

Vous possŽdez votre corps, lĠaspect extŽrieur de votre santŽ, mais la sociŽtŽ peut sĠemparer de lĠaspect profond pour lĠutiliser. Comme ici, ˆ Bure, elle peut dŽcider lĠenfouissement de dŽchets nuclŽaires, qui aura sans doute des consŽquences sanitaires mais dont il ne faudra pas parler.

 

Pou finir, je vais parler de lĠesprit clair.

Un esprit clair, cĠest un esprit qui arrive ˆ distinguer les problmes vŽritables ; et le vrai moyen quĠˆ ce citoyen de sĠexprimer, cĠest la dŽmocratie.

AujourdĠhui, on nous fait croire que la dŽmocratie nĠest pas indispensable, cĠest une grossire erreur.

Ici, nous faisons fonctionner la dŽmocratie directe par lĠexpression de nos revendications de citoyen.

 

 

Thierry Richard
cycliste sur le Mouvement vers Bure