Chant du vélo

par Thierry Richard

 
 


 
 

Il est toujours délicat de mettre des mots sur une musique, surtout lorsque cette musique est un standard, un morceau de choix. Celle que nous avions retenue pour nous accompagner, c'est le doux bruit de la roue libre, vous savez ce cliquetis si tendre.

 

Fermez les yeux et il sera avec vous, un après-midi de juillet avec ce qu'il faut de brise caressante, de soleil et d'ombrage, ce qu'il faut de descentes pour glisser paisible, ce qu'il faut de compagnie pour rouler à deux et, immanquablement, pour regarder dans les yeux celui ou celle qui vous accompagne.

Savensa/Bure, c'est d'abord une histoire d'amis, là où il y avait tout lieu de ne pas l'attendre, amitié entre les bohèmes et les conventionnels, entre des jouisseurs et des modérés, entre l'accent du Sud et la prétendue rigueur du nord de la Loire.

Revenons à la roue libre et oubliez la.

 

Certains jours, plus de soleil, plus d'ombrage mais plutôt la menace continuelle de la pluie, la cape imperméable toujours à portée de main et si utilisée que continuellement humide. Ici, c'est le souvenir de la Beauce avec le vent se mêlant du devenir de la pluie et la pluie, des arabesques du vent, et nous, tant bien que mal, continuant à pédaler, les pieds trempés et le cul aussi.

 

Le soir venu, cette joie de vivre l'accueil qui nous fut réservé partout. Une mention spéciale pour St Barbant avec sa salle polyvalente pleine et cette réunion qui prit insensiblement des allures de fête de village. Et Tulle et son banquet en plein coeur d'une ville, elle, relativement indifférente. Et le jazz à Châtillon... j'en oublie bien sûr, néanmoins merci à tous, merci...

 

Enfin, la raison d'être de tout cela: nous sommes passés à Limoges (les mines d'uranium), à St Laurent et Civaux ( les centrales), à Soulaine et Bure ( sites de stockage présent ou à venir), tous lieux concernés par l'industrie nucléaire. Nous avons opposé partout nos bicyclettes pacifiques et dérisoires à la lourde marche technologique d'une fuite en avant qui se cache sous l'étiquette "progrès".

 

 

Les questions qui, à mon goût, doivent rester de tout cela sont les suivantes:

 

         Qu'est-ce que le progrès ?

Quel progrès et pour quoi faire ?

Quel prix (sanitaire et autre) faudra-t-il payer pour ce progrès d'opérette ?

 

 

 

Thierry Richard